Le cas BlackBerry : une trajectoire marquee par la gloire et la chute

Autrefois symbole d’innovation et de modernité, l’histoire de BlackBerry s’est métamorphosée en un véritable mythe dans l’univers des téléphones mobiles. L’entreprise canadienne, créée en 1984, a connu des années de gloire lors de la première décennie du XXIe siècle avec ses smartphones alors considérés comme révolutionnaires. Mais face à l’émergence de compétiteurs redoutables tels qu’Apple et Samsung, la marque n’a pas su suivre le rythme. Retour sur cette trajectoire singulière.

L’épopée d’une entreprise qui a marqué son temps

Une innovation frappante au début des années 2000

Dès les premières années du deuxième millénaire, BlackBerry bouscule le marché des téléphones portables grâce à ses appareils qui conjuguent fonctionnalités d’email et utilisation aisée. Au sein des entreprises comme auprès du grand public, les « Crackberry » deviennent rapidement des incontournables pour communiquer sans contrainte et en toute sécurité. En janvier 2007, les actionnaires de la société Research In Motion (RIM), aujourd’hui rebaptisée BlackBerry Limited, se frottent les mains : elle affiche une capitalisation boursière qui atteint près de 70 milliards de dollars.

Un sommet durable avant la descente aux enfers

Cette innovation frappante attire les consommateurs, attirés par la réputation de BlackBerry en matière de qualité et fiabilité. La marque s’associe également avec des partenaires de choix comme Microsoft pour équiper les téléphones professionnels. Grâce à ces collaborations gagnantes, BlackBerry est alors perçu comme une société solide et pérenne. Hélas, cette situation ne durera pas.

La chute infernale d’une icône qui n’a pas su s’adapter

Un marché de plus en plus concurrentiel

Au milieu des années 2000, soigner sa communication vis-à-vis du public devient un enjeu capital dans le monde des télécommunications. Les smartphones BlackBerry pâtissent ainsi de leur image peu glamour, véhiculée notamment par le clavier physique qui peine à séduire les jeunes générations. Le MySpace des téléphones voit sa domination sérieusement remise en cause par l’arrivée sur le marché des dispositifs iPhone et Galaxy, qui proposent un vaste choix d’applications ludiques et pratiques. Malheureusement, la célèbre firme canadienne tarde à comprendre l’intérêt grandissant des différentes couches de populations pour ce petit écran dédié au multitâches.

Une descente aux enfers difficile à stopper

Pris de court par cette vague technologique déferlante, BlackBerry tente de se repositionner. Il diversifie progressivement ses offres tout en adoptant de nouvelles technologies open source. En vain : rattrapée par son manque de réactivité, la marque voit ses parts de marché s’effondrer. Les ventes chutent et les téléphones sont peu à peu abandonnés sur les étals. En janvier 2014, BlackBerry ne possède plus que 0,6% de parts de marché au niveau mondial. Un coup dur pour le géant canadien.

Le retour en grâce d’une entreprise décidée à rebondir ?

Une nouvelle stratégie axée sur la sécurité et la productivité

Ecartée du haut de l’affiche, BlackBerry fait un pari audacieux pour sortir la tête de l’eau : elle mise sur ses atouts passés tels que la sécurité et la confidentialité des données, mais aussi sur sa célèbre clavier physique. Elle cible alors un public exigeant qui privilégie la mobilité professionnelle. A l’occasion du lancement de téléphone Passport, BlackBerry annonce ainsi qu’elle compte redorer son blason en misant sur la qualité et la praticité plutôt que sur les gadgets high-tech.

L’espoir d’un renouveau porté par la diversification

Fidèle à cette nouvelle ligne directrice, BlackBerry se tourne également vers le développement logiciel et les services BtoB afin d’accroître ses revenus. Et pour éviter de dépendre d’un seul secteur porteur, elle investit également dans les technologies de pointe avec l’acquisition de sociétés spécialisées dans les solutions pour les véhicules connectés et intelligents. Cette stratégie de diversification semble porter ses fruits : en 2020, les revenus issus des logiciels et services professionnels représentent en effet désormais près de 90% du chiffre d’affaires total de la société. D’après les données financières fournies par BlackBerry Limited, cette reprise s’avère prometteuse.

Une marque qui symbolise la versatilité du monde des télécommunications

L’histoire de BlackBerry reste un exemple à ne pas sous-estimer dans l’univers très compétitif des télécommunications. Entre gloire et déclin, elle illustre à merveille comment une entreprise peut passer du sommet de la réussite à une trajectoire marquée par des échecs à répétition. Cependant, face aux challenges que nous réserve l’avenir, BlackBerry ne doit pas baisser les bras et continuer à innover pour espérer opérer un retour triomphant – et souffler, pourquoi pas, ses 50 bougies en grande pompe au milieu des acteurs majeurs du marché des télécommunications.